Le festival Africa Bass Culture fête sa quatrième année d’existence en 2019. Les projets avancent et l’équipe du festival pense déjà à l’international. Cette année, le festival itinérant burkinabè se déroulant du 1er au 10 mars à Ouagadougou et le 15 et 16 mars à Bobo Dioulasso prolonge la fête en Côte d’Ivoire les 22 et 23 mars. Africa Bass Culture (ABC) est né de la volonté de plusieurs organisations de monter un projet lié à la musique électronique en Afrique. Ouaga Jungle, ancien café-concert devenu studio et tenu par le Français Camille Louvel, les Nantais de Trickart, Ouaga Lab et SUPA collaborent les uns avec les autres et font sortir de terre une première édition de ce rendez-vous annuel en 2016.
Déjà à l’origine du label Chapa Blues Records, Camille Louvel est à la manœuvre depuis le début, en tant que directeur artistique de l’organisation qui, cette année, prend un peu plus d’ampleur. Itinérant, le festival ne s’installe pas seulement dans la capitale burkinabè, mais aussi à Bobo Dioulasso dès ses débuts. Cette année, la grande nouveauté est qu’ils ont décidé de faire tourner le festival à Abidjan le 22 et 23 mars au Bushman Café : « Le festival, c’est un peu le carrefour des différentes équipes travaillant dans l’électronique dans la sous-région. En travaillant avec toutes ces équipes, ça nous permet de donner une autre dimension au festival précise Camille Louvel. On a organisé cet événement avec les organisateurs de KamaYakoi à Abidjan et on espère pouvoir en organiser un aussi au Ghana. »
Un des autres moments importants de l’African Bass Culture va être aussi la diffusion d’un film : Burkinabè. Réalisé par les Sud-Africains de Batuk lors de leur venue au festival l’année dernière, il sera projeté le 2 mars à Ouagadougou. Cet évènement organisé avec le FESPACO (festival de cinéma de Ouagadougou) n’est d’ailleurs pas une première pour le jeune festival musical : « On avait déjà fait un événement avec le FESPACO, on a organisé une soirée autour du film d’Alain Gomis. On avait fait des VJing [ndlr performance vidéo synchronisée avec la musique] avec les prises du film et aussi fait des remixes de la bande originale. On est content de pouvoir refaire ça ! » ajoute Camille Louvel. Ce sera aussi l’occasion de revoir Batuk sur scène qui mélange techno, soul et musiques traditionnelles. Le festival est l’occasion de faire venir des artistes de tout le continent comme Batuk, les Réunionnais de Sauvage Sound System ou la DJ somalienne Hibotep.
Pourtant sa programmation met aussi en avant les DJs locaux, accompagnés au long de l’année, comme Ali Kiza alias DJ Bomayé. Grâce au support des structures organisant le festival comme Ouaga Jungle, il a pu découvrir de nombreux outils et aussi de nouveaux horizons musicaux : « J’ai commencé à jouer plus de style comme le dubstep, la house sud-africaine ou la musique angolaise. J’ai aussi appris à utiliser plus de techniques pour mixer, à utiliser certains logiciels comme Ableton Live pour plus tard faire de la production. Actuellement, je m’expérimente beaucoup dessus. » Ce soutien aux jeunes DJs burkinabè permet de créer une scène locale importante qui tourne aussi toute l’année avec de plus petits événements organisés par le festival comme les soirées Tigiri.
« Cette année, on a toujours notre brochette d’artistes locaux, Empereur Zhyac, Selecta Yadé et Ablataka Selecta, qui jouaient avant sous le nom de Ouagatronik et qui ont maintenant assez grandi pour que chacun puisse jouer en solo », assure enthousiaste Camille Louvel qui jouera d’ailleurs durant les festivités sous le nom de CC Selecta.
L’ABC organise aussi tout un programme pour les musiciens ou simples amateurs souhaitant se former à différentes techniques du son à Ouagadougou. Au programme, il y aura des masterclass sur la création de podcast ou sur le mix et les logiciels de production animés par les artistes présents comme DJ Boyamé ou Utomobiledisco666. Les arts numériques ne sont d’ailleurs pas en reste non plus puisqu’en plus des performances vidéo projetées durant tout le festival, il y aura des ateliers Vjing.
Et pour faire durer dans le temps les festivités, l’organisation a pensé aussi à enregistrer les sets qui seront diffusés. Les mixes et concerts qui auront lieu le vendredi et le samedi soir à l’Espace Gambini seront enregistrés pour être rediffusés sur les plateformes du festival. C’est pour eux, le moyen de continuer à répandre la culture électronique ouest-africaine qui se prend de plus en plus d’importance comme conclut Camille Louvel : « On a une envie de montrer tout ce qui peut se faire à Ouagadougou ».