Apple a vendu 215,3 millions d’iPhones en 2016 et plus d’un milliard les 10 dernières années . Régulièrement n°1 des ventes , la multinationale représente 15% du marché mondial. Avec les marges de profit de 40% réalisées sur ses produits , elle est l’entreprise qui a engrangé le plus de bénéfices au monde en 2016 . Et pour cause: ses produits sont les plus chers du marché mais paradoxalement loin d’être les plus performants, pas ouverts à l’interopérabilité et irrespectueux de l’environnement. Il faudra compter plus de 1 000 euro pour se procurer un iPhone X (l’équivalent d’un PC complet haut de gamme ou d’une petite voiture d’occasion), là où la concurrence propose des smartphones qui offrent quasiment les mêmes services et fonctionnalités pour moins de 250 euro… Une surenchère qui positionne la marque dans le luxe, un secteur qui ne connaît pas la crise économique.
Outre le prix, Apple est toujours accusé de contribuer à l’épuisement des ressources en matières premières et de trainer des pieds quant à l’utilisation de matières recyclées. En effet, Apple a besoin d’une large gamme de métaux et participe à l’épuisement des ressources non renouvelables et à l’émission de gaz à effet de serre.
Dès 2012, L’association les Amis de la Terre alertait Apple et le grand public sur son absence d’engagement envers l’environnement et la non durabilité de sa stratégie commerciale, symbolisant à elle seule l’obsolescence programmée.
La sortie de l’IPhone X est de nouveau l’occasion pour plusieurs associations environnementales (les Amis de la Terre France, ATTAC, Finance Watch, Solidaires, Sud-Commerce, CGT-Apple Retail France, Réseaux Anti-pub, Résistance à l’Agression publicitaire, Halte à l’Obsolescence Programmée, i-boycott, les engraineurs) de publier une note de décryptage du lourd impact du modèle Apple sur l’extraction de ressources non renouvelables, la dégradation des écosystèmes et la violation des droits humains.
Et pourtant, « Apple a annoncé dans son dernier rapport Environnemental qu’à terme, l’ensemble de ses produits seraient composés de métaux recyclés. Mais ces engagements relèvent pour l’instant plus du coup de communication que d’une réelle implication de la multinationale sur ces enjeux » s’indigne le collectif d’associations.
Apple se fournit en minerais qui proviennent notamment de la République Démocratique du Congo en proie à un conflit meurtrier pour le contrôle des sites d’extractions. Si Apple publie la liste de ses fondeurs identifiés, elle ne peut garantir « les sites précis d’extraction en RDC et dans les pays limitrophes et donc les potentielles violations des droits de l’homme qui y auraient lieu. Apple ne peut donc affirmer que les composants de ses produits sont « Libres de conflit » et reconnaît elle-même que les systèmes d’audits indépendants auxquels elle participe sont insuffisants » indique la note des Amis de la Terre qui ajoute : « il est en tout les cas critiquable qu’une entreprise avec le poids économique d’Apple, qui dispose aujourd’hui de 250 milliards de dollars de trésorerie, en partie grâce à une évasion fiscale très agressive, ne fasse pas plus pour améliorer la situation dans un pays où la guerre a déjà fait des centaines de milliers voir des millions de morts. »
Et quand bien même, l’extraction minière à travers le monde prend souvent place dans des conditions de travail et de dépollution insupportables et indignes. Il n’est pas rare que les enfants soient exploités. « C’est le cas notamment du cobalt, métal fortement sollicité dans la fabrication des iPhones » précise la note qui poursuit : « En 2016, Amnesty International a révélé la vente régulière de cobalt extrait dans des zones où le travail des enfants est très courant à la Congo Dongfang Mining, détenue à 100 % par le géant chinois Zhejiang Huayou Cobalt Ltd. Ce cobalt est ensuite vendu à trois fabricants de composants de batteries, fournissant en bout de chaîne Apple, Microsoft, Samsung, Sony, Daimler et Volkswagen. »
Là aussi, si Apple fait des efforts pour identifier ses fournisseurs, sans doute davantage que bien d’autres entreprises, elle ne contrôle pas parfaitement sa ligne d’approvisionnement.
Apple annonce dans son Environmental Responsability Report de 2017 qu’à terme, ses produits ne dépendraient plus de l’extraction minière et seraient composés de 100% de matériaux recyclés. Un engagement louable mais qui manque de concrétisation. Lisa Jackson, vice-présidente des politiques environnementales et des initiatives sociales chez Apple, s’est d’ailleurs exprimée dans des termes limpides à ce sujet : « nous sommes en train de faire quelque chose que nous faisons rarement, à savoir annoncer un objectif que nous ne savons pas encore comment atteindre » (Vice News, No mining required, Avril 2017).
Selon la note des associations, un smartphone moyen contient environ 60 métaux et terres rares dont seuls 9 ont un taux de recyclage supérieur à 50%, les autres étant principalement issus de l’extraction minière.
Aujourd’hui, Apple n’utilise que 3 métaux recyclés : l’aluminium, le cobalt et l’étain.
Rien qu’en France, il se vend chaque année entre 15 et 20 millions de Smartphones, mais seulement 15 % de ces appareils sont recyclés, en fin de vie . Un rapport d’information du Sénat estime que 100 millions « dorment dans les tiroirs de nos concitoyens », alors que les fabricants et distributeurs ont l’obligation de les récupérer, gracieusement.
Même si Apple s’engage vers plus de recyclage et plus de traçabilité des minerais utilisés, sa stratégie commerciale pousse les consommateurs à renouveler trop rapidement leurs smartphones et donc à épuiser les ressources et à contribuer à la pollution de l’environnement, pour des besoins futiles.
La marque à la pomme s’avère être un champion de l’obstruction à la durabilité et à la réparation de ses produits » accuse les Amis de la Terre qui précisent : « Apple change régulièrement de connectiques (chargeurs, enceintes) pour ses nouvelles gammes de produits et reste une des dernières marques à ne pas avoir adopté le chargeur universel. Cela oblige les consommateurs à s’équiper régulièrement de nouveaux accessoires. Surtout, la marque ne garantit plus la compatibilité des nouveaux systèmes d’exploitation et n’effectue plus de réparation et de fourniture de pièces détachées pour les produits vieux de 5 ans officiellement considérés comme obsolètes d’après le site de la marque. Cela encourage le renouvellement rapide des produits, d’autant plus que les nouveaux IOS, même lorsqu’ils sont déclarés compatibles avec les modèles précédents, occasionnent généralement des ralentissements importants ou un épuisement de la batterie.
Apple est particulièrement visée par les associations environnementales parce qu’elle dégage des bénéfices inégalés et qu’elle a donc les moyens financiers d’être véritablement vertueuse, malgré toutes ses promesses.
Cela dit, Apple propose des produits qui peuvent être qualifiés de « luxe », excessivement chers par rapport à la concurrence pour des fonctionnalités équivalentes et un engagement environnemental et social encore discutable.
Il n’y a aucun génie à attribuer à cette marque qui pousse à l’achat de produits futiles réservés à des clients fortunés dans le cadre d’une société de surconsommation qui souille notre support de vie et qui n’a aucun avenir.