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Articles

Cinq ans après Fukushima, trente ans après Tchernobyl

today10 mars 2016 4

Arrière-plan
La centrale nucléaire de Fukushima

Vendredi 11 mars, cela fera cinq ans jour pour jour que le tsunami consécutif à un séisme au large provoquait l’emballement et l’explosion de trois réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Un « anniversaire » qui, hasard du calendrier, se doublera le 26 avril de celui des trente ans de Tchernobyl. Avec le recul, que peut-on dire de l’impact d’un accident nucléaire majeur sur les plans écologique, sanitaire et social ?  

Une étude réalisée à Fukushima sur les oiseaux a montré que la quinzaine d’espèces présentes dans une zone contaminée avait un taux de survie de 30 %, bien inférieur à celui prévalant dans une zone saine. Même dans les cas où l’irradiation ne provoque pas de maladies mortelles, les populations de diverses espèces animales (oiseaux ou autres) peuvent s’amenuiser rapidement, jusqu’à disparaître tout à fait. Qu’un petit rongeur souffre par exemple de cataracte, l’une des maladies radio-induites constatées chez les liquidateurs de Tchernobyl, et ses chances de trouver un(e) partenaire pour se reproduire diminuent considérablement.

Cependant, l’impact d’un accident nucléaire sur la faune et la flore reste difficile à évaluer. Un point, notamment, fait polémique. Les études de terrain conduites à Tchernobyl ont montré une sensibilité de la faune et de la flore aux radiations de 5 à 10 fois plus forte que ne l’indiquaient les expériences en laboratoire. Pourquoi ce décalage ? La raison en est probablement, explique Jean-Christophe Gariel, directeur de l’environnement à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), que les études de terrain sous-estiment la dose réellement absorbée. En particulier, seule la contamination externe, liée à l’exposition aux rayons ionisants, est prise en compte.

La contamination interne provoquée par l’inhalation ou l’ingestion de substances contaminées est ignorée. A Fukushima, une nouvelle étude, réalisée l’an dernier par l’IRSN et le laboratoire d’Anders Moller, s’est attachée à évaluer la dose totale (interne et externe). Portant encore une fois sur les oiseaux, elle a montré que 90 % des 57 espèces passées au crible avaient été exposées à un débit de dose supérieur à 40 micrograys par heure, seuil au-delà duquel la reproduction peut-être altérée.

De toutes les maladies radio-induites: cancers endocriniens, leucémies, troubles cardio-vasculaires, cataractes…, Elisabeth Cardis (du Centre de recherche en épidémiologie environnementale de Barcelone) et Jean-René Jourdain (de l’IRSN) se sont attachés au cancer de la thyroïde chez l’enfant. La thyroïde, tout particulièrement au très jeune âge, est en effet l’un des organes humains les plus radiosensibles.
S’agissant de Tchernobyl, leurs conclusions ne laissent guère de doute.

Il suffit de superposer les cartes relatives à la distribution géographique des doses et à l’incidence des cancers de la thyroïde pour constater que l’explosion du 26 avril 1986 a provoqué dans les années qui ont suivi une montée en flèche de cette pathologie. Entre 1986 et 2005, plus de 6.800 cas de cancer de la thyroïde ont été recensés dans les trois ex-Républiques soviétiques (Biélorussie, Ukraine et Russie) les plus touchées. Ce cancer présentant un très bon taux de survie, ces 6.800 cas n’ont heureusement débouché sur presque aucun décès.

Mais le bilan sanitaire de Tchernobyl n’en est pas moins lourd. Il a été certainement aggravé par l’état de délabrement et l’impéritie des dirigeants de l’Union soviétique d’alors. Aucun dépistage systématique n’a été mis en place, surtout, on n’a pas fait distribuer aux petits Biélorusses et Ukrainiens des comprimés d’iode pour saturer leur thyroïde et l’empêcher ainsi de s’intoxiquer: dans nombre de cas, les cancers ont été provoqués par l’ingestion de lait contenant de l’iode radioactif.

Le Japon des années 2010 n’est pas l’Union soviétique des années 1980, et le bilan sanitaire de Fukushima sera sans doute moins lourd. Le Japon a notamment pris toutes les mesures nécessaires (restrictions à la commercialisation, entre autres) pour éliminer un maximum de sources de contamination interne. Il a aussi mis en place un dépistage systématique, les 360.000 enfants de 0 à 18 ans de la préfecture de Fukushima devant subir des radiographies régulières. Les premières données, portant sur la période 2011-2014, ne sont pas conclusives. Le cancer de la thyroïde ayant un délai de latence très long (au moins 3 ans), il faut attendre, avant de se prononcer, que les phases ultérieures de la campagne de dépistage aient mis en lumière, ou pas, une hausse de l’incidence.

La triple catastrophe du 11 mars 2011 (séisme/tsunami/accident nucléaire) a déplacé au total 340.000 personnes, dont 160.000 pour le seul accident nucléaire qui a contaminé près de 1.800 km2 de terrains. Mais celui-ci a eu des conséquences sociales plus lourdes que le tsunami, analyse Reiko Hasegawa, chercheuse associée au Medialab de Sciences po Paris. Ce déséquilibre se lit notamment dans le nombre de décès indirects: suicides, maladies aggravées par l’absence de soins…, imputables à l’un et l’autre: il est 1,5 fois plus élevé pour l’accident nucléaire. 90 % des presque 2.000 décès indirects qui lui sont liés concernaient des personnes âgées de plus de 65 ans.

Ce sont également elles, en très grande majorité, qui ont accepté de revenir dans les trois villes pour lesquelles l’ordre d’évacuation a été levé. Une forme de retour non durable puisque ces seniors, d’ici à quelques années, auront besoin des soins de jeunes actifs (médecins, infirmiers, etc.) qui, eux, n’ont pas souhaité revenir.

Cette différence d’impact tient à la façon dont les déplacés ont été gérés par les pouvoirs publics. Alors que les victimes du tsunami ont eu le choix entre reconstruire leur maison sur les ruines de l’ancienne ou refaire leur vie ailleurs, celles de l’accident nucléaire ne se sont pas vu offrir d’autre possibilité que de revenir dans leur lieu d’origine, une fois la zone décontaminée. Mais les polémiques anxiogènes liées à la question des seuils de décontamination ont divisé les personnes concernées par un possible retour, ce qui a aggravé la destruction des solidarités familiales ou communautaires observée dans toute catastrophe.

À Tchernobyl, une arche de confinement pour le réacteur accidenté de la centrale de Tchernobyl a vu le jour. Le groupe à l’origine du projet est confiant quant au délai d’achèvement, fixé à fin 2017.
C’est une structure colossale: 110 mètres de haut (plus que la statue de la Liberté), plus large que le Stade de France et un poids qui vaut cinq fois celui de la Tour Eiffel. Elle doit protéger l’environnement des émissions radioactives et servir d’infrastructure pour le démantèlement future du réacteur.

Plusieurs éléments restent encore à terminer avant que la structure ne soit déplacée sur le réacteur. Il faut, entre autres, créer un système de ventilation afin d’éviter la corrosion de cette structure qui devrait rester en place une centaine d’année.
La radioactivité autour de la centrale restera élevée pendant 300 ans.

En vidéo ci-dessous, la construction du sarcophage de Tchernobyl

Écrit par: radio_pulsar

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