
En matière de livraison par drone, DHL pourrait bien se démarquer des Amazon et autres Google. Ayant obtenu l’autorisation de livrer des colis par drone, DHL devient le premier à pouvoir le faire en Europe. Un drone DHL a réussi à livrer des petits colis contenant du matériel médical sur la petite île de Juist, située à environ 12 kilomètres au large des côtes allemandes. Il permettra aux 1 700 habitants de l’île, de garder un lien avec la terre ferme, en prenant le relais du ferry reliant l’île au continent, aux heures de fermeture. Les habitants pourront ainsi recevoir des colis et les pharmaciens des médicaments par exemple.
Le quadricoptère sans pilote baptisé Parcelopter est à décollage et atterrissage automatique. Il pèse environ 5 kg, et peut transporter jusqu’à 1,2 kg de charge dans une petite nacelle située sous l’appareil. Sa vitesse moyenne est de 65 kilomètres par heure. En fonction de la météo, le Parcelopter peut rejoindre l’île en 15 à 30 minutes en plafonnant à 30 mètres d’altitude.
Le service, opérationnel depuis vendredi dernier, sera testé jusqu’à fin octobre. C’est la première fois qu’un tel dispositif à caractère autonome est autorisé en Europe. Amazon effectue en ce moment des tests au Canada et en Inde, Google en fait de même en Australie. DHL, tout comme ses concurrents, espère que ses essais permettront de prouver qu’une technologie telle que celle développée pour le Parcelopter, pourra à terme, remplacer certains services de distribution de courrier, et en particulier dans les endroits reculés.
DHL semble tout de même plus réaliste que les américains, en disant de son service qu’il ne sera probablement pas étendu à tout son réseau mondial de distribution mais uniquement à des zones sélectionnées au préalable. Le transporteur allemand vise en effet les zones isolées, mal connectées à un réseau de transport, où il sera plus rentable d’utiliser un drone plutôt que d’y accéder par véhicule motorisé (camion, camionnette, scooter, …).
Deux questions se posent maintenant, deux questions d’ordre général, auxquelles devront répondre toutes les entreprises souhaitant convertir les drones en de véritables coursiers :
La première concerne le vol en espace aérien non contrôlé, à savoir, en milieu urbain. Comment garantir la sécurité des citoyens ou des automobilistes avec des engins qui vont devoir voler à moins de 20 mètres d’altitude, sans parler de la présence des arbres, des lignes électriques et des bâtiments ?
La deuxième question concerne la phase finale du vol, en l’occurrence la livraison du colis. Comment va-t-elle se passer ? Comment s’assurer que le drone pourra se poser à l’endroit de la livraison sans qu’une personne, trop curieuse, ne vienne gêner l’opération ? Sans parler des cas de vol ou vandalisme, d’attaque par un chien ou même des coups de fusil d’un chasseur qui défend sa propriété.
Là où DHL a pris de court tous ses concurrents directs, comme UPS qui prévoit de lancer aussi un tel service, c’est que le transporteur allemand répond à ces deux questions. Sur la question de la phase finale de livraison, DHL a prévu des zones spéciales de livraison, pour que les drones puissent se poser en toute sécurité. Puis, c’est un coursier DHL qui récupère le colis et le livre ensuite en main propre à son destinataire.
Sur la question de l’espace aérien, le communiqué de DHL dit que l’entreprise a travaillé main dans la main avec l’organisme de gestion du trafic aérien allemand, le DFS Deutsche Flugsicherung GmbH, ainsi qu’avec le Ministère des Transports et des Infrastructures numériques en Allemagne, pour la mise en place d’une zone de vol exclusivement réservée pour ce projet. C’est exactement ce que, ni Amazon, ni Google, ont réussi à obtenir auprès de la FAA américaine, très stricte à ce sujet.
Pour des raisons de sécurité et en accord avec les exigences des organismes allemands, les Parcelcopter seront surveillés en permanence pendant leur vol depuis une station mobile au sol située à Norddeich, de sorte qu’un pilote puisse reprendre les commandes en cas de problème. La station au sol permettra en outre de garder un contact permanent avec les tours de contrôle de l’espace aérien.
Depuis un peu moins d’un an DHL teste ses drones, pour des livraisons dites « utiles » : médicaments, denrées alimentaires, etc. Mais il y a un obstacle majeur que l’entreprise ne pourra pas éviter : la météo. En effet, si des vents trop forts soufflent sur la côté allemande, le service est interrompu et les drones restent cloués au sol. Donc en situation d’urgence, il faudra encore trouver une autre alternative.