
En mars 1997, la France bégaye. Maurice Papon réveille l’Histoire avec son procès et ça pue le soufre. Le Commandant Cousteau, Jeanne Calment, Lady Di et le Club Dorothée disparaissent. Jacques Chirac dissout l’Assemblée. Les magnétoscopes tremblent avec l’arrivée du dvd et ils ont raison. Zidane n’a pas encore crucifié le Brésil en finale. La variété française titube, les comédies musicales commencent à hurler leurs mélodies infernales et alors que la téléréalité s’apprête à déferler pour le pire, une ligne de fracture se dessine à l’horizon. Un album, d’abord annoncé comme une catastrophe industrielle, comme une prophétie noire, comme une Arlésienne de première, déchire les ultimes certitudes : L’École du Micro d’Argent, du groupe marseillais IAM.
Après de longs mois d’attente, autant dus à l’impatience des fans après le succès massif de –> Ombres et Lumières en 1993 qu’à l’acharnement d’un groupe à accoucher d’un disque-monolithe d’importance, “L’École du Micro d’Argent” déferle enfin dans les bacs.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? Tout simplement d’un disque qui fera date. D’une part pour ses ventes aujourd’hui encore inégalées dans le rap français : 1 600 000 copies écoulées et le compteur tourne toujours en 2013, d’autre part, pour ce son à la puissance tellurique et aux flammes rédemptrices, un son à la fois puissant et proche de l’os, un son qui va imposer un avant et un après.
IAM, après des mois et des mois de création intensive sur deux continents, sans jamais abandonner la barre aux vents de la facilité et de la trouille, délivre un album phare, dessine LA route désormais à suivre pour tous les autres. En seize titres autant crépusculaires qu’imparables, visionnaires qu’évocateurs, il dépoussière les habitudes et modifie en profondeur la donne.
Alors qu’en cette année de l’an de grâce 2013, Marseille est en proie à la violence, qui touche plus particulièrement les jeunes, quel bel exemple de réussite nationnale, internationale et intemporelle que celle de ce groupe.