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Articles

Kéry James rappe encore

today9 décembre 2018 7

Arrière-plan
kery-james-jrap-encore-album

Kéry James, c’est l’histoire d’un éternel retour. L’histoire d’un MC mineur (15 ans en 1992 lors de la sortie de son maxi 45 tours La Vie est brutale) qui a craché ses premières rimes sur Ragga Jam, le fameux freestyle du magistral premier album de MC Solaar Qui sème le vent récolte le tempo. Celui qui s’appelait encore Daddy Kery beuglait de sa voix prépubère des lyrics étonnamment matures (« Je ne veux pas aller au service militaire, je ne veux pas faire la guerre pour un morceau de terre (…) Les militaires ont tout dans la gâchette, rien dans la tête »). La Vie est brutale, pourtant sorti sur un label de dance music, confirmait que ce kid au micro n’avait pas l’intention de chanter des gentilles berceuses.

« On me tolère, c’est l’impression que j’ai avec les maisons de disques. Je n’ai eu aucune aubaine, j’ai toujours défoncé les portes. La seule chose qu’on m’ait servi sur un plateau, c’est le feat. avec Charles Aznavour. Et ce n’est pas grâce à une maison de disques, mais à Jean-Rachid, qui connaît Katia Aznavour. Ça s’est fait comme ça, sinon jamais. Je me suis toujours imposé par ma musique, mon talent, mon public. Sinon je n’aurais pas existé » déclarait-il au moment de la sortie de Musique nègre.

Et toute la discographie d’Idéal Junior, vite devenu Idéal J, ne fit que confirmer cette intransigeance lyricale, poussée à son paroxysme sur le classique album Le Combat continue, dont le violent épicentre Hardcore alignait des rimes d’une puissance inouïe, décrivant un enfer terrestre à grands coups de punchlines qui font désormais partie de l’histoire du rap français.

Deux décennies après ce classique, un constat s’impose dès la première écoute de J’rap encore, le nouvel album de celui qui se surnomma jadis « le dernier MC » : aucune concession dans les lyrics, et la même sourde rage que celle qui fit de Kery un des plus virulents rappeurs de France. « C’est un album qui arrive 20 ans après Le Combat continue, c’est une manière de marquer le coup. Ça ressemble à Idéal J du point de vue de l’engagement, de la volonté de dire des choses, de dénoncer, même si ça peut faire cliché » expliquait-il à Juliette Fievet peu avant la sortie de ce septième album solo qui fait directement référence à Idéal J.

Dans la chanson qui donne son titre à l’album, Kery peint le tableau d’une époque tourmentée en dessinant ses avanies : un racisme toujours aussi présent (« J’suis facile à trouver comme un Blanc en Afrique/ Ou comme du sang d’immigrés sous les semelles d’un flic »), un état impuissant (« T’es pas plus crédible que la France qui menace la Russie ») et la haine d’un système à deux vitesses (« J’ai pas eu la même enfance qu’Enthoven/ Si j’crie encore ma douleur ébène, c’est qu’j’ai sûrement du sang d’esclave dans les veines »).

La force de Kery, c’est de ne rien renier de son tumultueux passé, et de revendiquer l’engagement dans un monde du rap devenu plus lisse et plus consensuel face à une ferveur populaire massive. Le titre À la Idéal J vient conforter cet engagement dans le « rap conscient », une expression quasiment devenue un gros mot dans ce rap français qui regarde désormais le succès commercial avec les yeux de Chimène.

Il y a 20 ans, l’engagement était une quasi-obligation pour un rappeur et la tentation de la mélodie était considérée comme une trahison à la cause rapologique. Tout s’est inversé, et c’est tant mieux d’une certaine façon, mais il ne faut pas compter sur Kery pour se gaver d’autotune (« Je ne cherche pas le crossover/Ma voix est trop virile pour le vocoder ») ou renier ses convictions.

Pourtant, contrairement à ce que certains pourraient croire, Kery ne fuit pas le hit single. Répondant en 2013 à une question sur le succès foudroyant de Sexion D’Assaut, il avait cette réflexion d’une confondante honnêteté : « On peut dire qu’ils sombrent dans la facilité artistique, mais en réalité, faire des tubes c’est super compliqué ! Comment font-ils des tubes de manière aussi systématique ? Moi j’ai essayé d’en faire, et je n’y arrive pas ». De fait, pas de tentative de single grand public sur J’rap Encore, pas de Barça » ni de duo avec Charles Aznavour, juste des rimes qui « kickent » sévèrement et l’amour des mots virulents, ceux qui ont du sens.

« Kery, pour moi, c’et la définition du mot rappeur », déclarait Kalash Criminel, invité sur le titre PDM. Il n’est pas le seul à apprécier le fondateur d’Idéal J : dans ce petit monde où la jalousie et l’égo rongent les artistes, ils ne sont guère nombreux à critiquer ouvertement Kery James. « Qui prétend faire du R. A. P. sans revendiquer ? » demande-t-il en paraphrasant la fameuse formule de Lino dans Boxe avec les mots d’Arsenik (« Qui prétend faire du rap sans prendre position ? »). Pas lui.

Accompagné notamment de Pierre Belleville, son « batteur blanc qui fait des trucs ahurissants », le MC né en Guadeloupe, avec 28 ans de carrière au compteur, est plus que jamais l’honneur du rap français. Le dernier des Mohicans d’une tribu rapologique dont il reste la conscience et la fierté.

En vidéo ci-dessous –> Kery James – J’rap encore

Écrit par: radio_pulsar

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