Articles

La Québécoise Jade Raymond quitte Ubisoft

today24 octobre 2014 3

Arrière-plan
La Québécoise Jade Raymond

Elle est l’un des visages féminins les plus connus de l’industrie du jeu vidéo, et une figure emblématique d’Ubisoft de la dernière décennie. Mais depuis le 20 octobre, sa photo sur le site d’Ubisoft Toronto a laissé sa place à celle d’Alexandre Parizeau, qui la remplacera à la fin du mois. Jade Raymond, ambassadrice de la série Assassin’s Creed jusqu’en 2008, et à la tête de la branche torontoise d’Ubisoft depuis 2009, quitte l’éditeur français après dix ans de carrière. Dix ans qui lui ont permis de se faire un nom, et d’encadrer plusieurs superproductions parmi les plus vendues et appréciées des joueurs.

Contrairement à toute une génération de créateurs, Jade Raymond n’est pas tombée dans le jeu vidéo par hasard, même si sa vocation s’est dessinée sur le tard. Jade Raymond a passé un diplôme d’informatique à l’université Mc Gill, à Montréal. Rapidement repérée par Sony Online Entertainment, elle y commence sa carrière en tant que programmeuse.

Jade Raymond débute en développant des jeux de société à petits budgets, comme Trivial Pursuit Online et Jeopardy!. Elle monte rapidement dans l’entreprise et crée le premier groupe de recherche et développement de Sony Online Entertainment, avant de rejoindre les équipes d’Electronic Arts à San Francisco pour superviser le développement des Sims Online (2002) en tant que productrice, ainsi que de There (2003), un ambitieux monde virtuel en ligne. Elle intègre complètement Ubisoft l’année suivante.

Elle est alors parfaitement inconnue du grand public, mais à 29 ans seulement, elle affiche déjà une expérience managériale impressionnante et une culture vidéoludique inattaquable. Comme Shigeru Miyamoto, le créateur de Mario et Zelda, elle tient Tetris pour le meilleur jeu du monde, confie-t-elle en 2005 à Electronic Playground.

Au moment de citer les titres sur lesquels elle passe le plus de temps, ce sont toutefois des références de pure passionnée qui défilent : le jeu en ligne EverQuest, sur lequel elle a passé dix heures par jour pendant trois mois, The Legend of Zelda: Ocarina of Time, le jeu d’aventure majeur des années 1990, Tekken 3, un jeu de combat, Parappa the Rapper, un jeu de rythme fondateur, ou encore Prince of Persia: Sands of Time, un jeu d’action innovant et immersif qui pavera la voie à la croissance d’Ubisoft dans les années 2000.

En 2004, elle rejoint justement les rangs d’Ubisoft Montréal en tant que productrice sur un projet intitulé Prince of Persia: Assassins, qui, au fur et à mesure du développement, se transforme en une nouvelle licence : Assassin’s Creed.

Comme l’indique son profil sur Linkedin, elle assume surtout des tâches de management, de recrutement, d’organisation et de représentation. « J’ai rejoint l’équipe quelques mois après la phase de conception pour les aider à entrer en préproduction, structurer un peu l’évolution du projet et construire l’équipe », détaille-t-elle auprès de Xbox Gazette. La véritable locomotive créative du jeu s’appelle Patrice Désilets, mais c’est bien Jade Raymond qu’Ubisoft met en avant durant la phase de communication.

La sortie du premier Assassin’s Creed, en 2007, achève de consacrer la jeune femme sur la scène vidéoludique. Un fansite apparaît à ce moment-là, dédié à « la splendide Jade Raymond ». De nombreux joueurs ne retiennent alors que son sourire, ce dont elle s’accommode avec patience. Lorsqu’une journaliste lui demande si elle n’en a pas marre que la plupart des hommes ne lui parlent que de son physique, Jade Raymond répond : « C’est un superbe compliment, mais je préférerais que l’on parle du jeu. »

Par la suite, Jade Raymond se fera aussi connaître pour son engagement : elle intégrera le conseil d’administration de LOVE (Leave Out Violence), une organisation qui lutte contre la violence chez les jeunes. A Toronto, elle rejoindra le WIFT (Women In Film and Television), une association qui vise notamment à encourager la présence de femmes dans l’industrie du jeu.

Après le succès critique et commercial du premier Assassin’s Creed, Jade Raymond devient productrice exécutive. Elle est créditée au développement de nombreux autres jeux phares de la firme, comme Assassin’s Creed II ou encore Watch Dogs, dont elle a supervisé les premiers jets entre 2008 et 2009.

En 2009, Jade Raymond est nommée à la direction du studio de développement Ubisoft Toronto, fraîchement créé, et encadre le développement du nouveau jeu de la licence Tom Clancy, Splinter Cell: Blacklist.

Sa présence dans les médias se fait plus rare, la programmeuse de métier se concentrant sur ce qu’elle avoue avoir toujours rêvé de faire : diriger un studio. Elle pilote notamment l’évolution de la série de jeux d’infiltration Splinter Cell, tout en supervisant plusieurs projets à la fois.

Jusqu’à aujourd’hui, la jeune femme travaillait sur cinq jeux : trois qui n’ont pas encore été annoncés, ainsi que Far Cry 4 et Assassin’s Creed: Unity, son retour à la série qui l’a rendue célèbre. « C’est quelque chose d’excitant pour moi, évidemment, car c’est une franchise qui me tient à cœur », confiait-elle à Gamereactor au printemps dernier.

Son aventure avec Ubisoft prendra définitivement fin le 29 octobre. Jade Raymond reconnaît que « la décision fut difficile à prendre », mais elle assure que « le studio est entre de bonnes mains ». Elle n’a toutefois pas précisé les raisons de son départ, ni quelle direction elle comptait prendre pour la suite de sa carrière.

Écrit par: radio_pulsar

Rate it
0%