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Articles

La réserve naturelle de Tchernobyl

today19 octobre 2017 12

Arrière-plan
La grande roue de Tchernobyl

31 ans après le terrible accident nucléaire de Tchernobyl (Ukraine), la région est toujours désertée par les Hommes, ce qui a permis à la nature de reprendre ses droits comme en témoigne une étonnante vidéo de Danny Cooke dans la ville de Pripyat et une nouvelle étude sur le retour de la vie sauvage. Depuis la catastrophe du 26 avril 1986, une zone d’exclusion de 30 kilomètres autour du sarcophage nucléaire été mise en place et 116 000 personnes ont été évacuées de manière permanente. Elle couvre une superficie de 2 600 km² (un peu plus que l’aire de l’île de la Réunion) et n’est habitée que par une centaine de résidents illégaux, les Samosely. La contamination radioactive y persistera pendant plusieurs dizaines de milliers d’années…

Rappelons que l’explosion du réacteur 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl a contaminé un territoire d’environ 320 000 km² (l’équivalent de près des 3/4 de la superficie de la France) en Ukraine, Biélorussie et Russie. Cet accident nucléaire majeur a tué environ 25 000 personnes et a nécessité des soins pour plus de 3 millions d’enfants.

Dans les mois qui ont suivi la catastrophe, les fortes doses de radiation émises par l’explosion et l’incendie qui s’est déclenché, ont considérablement réduit la population animale qui vivait dans la Forêt Rousse (ou Rouge), ainsi nommée parce que les arbres de la zone sont tous devenus rouges lorsqu’ils ont été frappés par les radiations.

Mais, le malheur des uns fait le bonheur des autres. La désertion des activités humaines a offert, en quelques années, un espace de liberté et un souffle nouveau pour le vivant: les végétaux se sont adaptés à la radioactivité anormale et les animaux se sont finalement multipliés. « Cinq ans après l’accident sur ce territoire s’est produit ce qu’on pourrait appeler un ‘redémarrage de l’environnement vivant' », constate Denis Vichnevski, chef du groupe de suivi radio-écologique de l’entreprise publique Ecocentre.

Si les premières années de l’accident nucléaire furent dévastatrices pour la faune, les chercheurs notent que la vie s’adapte au point que la zone d’exclusion autour de la centrale ressemble de plus en plus à un sanctuaire pour la vie sauvage, grouillant d’élans, de chevreuils, de cerfs, de sangliers, de loups et même d’ours bruns qui n’avaient pas été vus dans cette zone depuis un siècle. C’est l’objet d’une nouvelle étude, publiée dans le journal scientifique Current Biology et dirigée par Tatiana Deryabina (Réserve radioécologique de la Polésie), qui étudie depuis plus de 20 ans la renaissance de la faune sauvage, notamment à travers des photos étonnantes d’aigles, de lynx, de belettes, d’élans…

Au début, les oiseaux ont développé des tumeurs, tandis que certains mammifères présentaient des anomalies génétiques et une diminution du taux de reproduction, puis, certaines espèces d’oiseaux ont produit davantage d’antioxydants pour se protéger contre leur environnement radioactif.

« Il est très probable que les populations animales à Tchernobyl soient bien plus nombreuses qu’avant l’accident, » explique Jim Smith, co-auteur et professeur de l’Université de Portsmouth. « Cela ne signifie pas que les radiations sont bonnes pour la vie sauvage, mais simplement que l’impact des habitations et activités humaines, y compris la chasse, l’agriculture et l’activité forestière était bien plus néfaste. » « Ces données uniques montrent que de nombreuses espèces animales ont continué à se reproduire à quelques kilomètres de Tchernobyl, » explique Jim Beasley, co-auteur et chercheur à l’université de Géorgie (États-Unis). « Cela illustre la résilience des populations d’animaux sauvages quand celles-ci sont libérées des pressions inhérentes à la présence des humains. » 30 ans après l’explosion nucléaire, « les données du recensement établi par survol en hélicoptère révèlent une tendance croissante de multiplication des élans, cerfs et sangliers » indiquent les auteurs de l’étude.

Aujourd’hui, près de 400 espèces d’animaux vertébrés vivent dans la zone de Tchernobyl et on y compte environ 4 000 plantes. « la végétation est dense et les marais de la zone d’exclusion sont devenus le foyer d’oiseaux en voie de disparition comme la cigogne noire, le pygargue à queue blanche et le hibou grand-duc » (…) Des loutres, des blaireaux et de lynx ont trouvé refuge dans les forêts et les fleuves de Tchernobyl, loin des hommes ».

Au final, la biodiversité dans la zone d’exclusion est comparable à une réserve naturelle avec, toutefois, sept fois plus de loups. Rappelons que les loups participent à la régulation des populations d’herbivores, même si les habitants de plusieurs villages dans le sud de Biélorussie signalent des attaques fréquentes qui les terrorisent.

Pour les auteurs de l’étude, la recrudescence des populations animales est due à une baisse significative des niveaux de radiation. En revanche, les animaux continuent d’accumuler les rayonnements radioactifs. C’est notamment le cas des sangliers qui consomment des truffes qui accumulent et conservent des niveaux élevés de radiation. Le quotidien britannique The Telegraph rapporte le cas d’un sanglier sauvage, chassé à la frontière suédoise et dont le cadavre a une activité de 16 000 becquerels par kilo, plus de dix fois la norme sanitaire. Plusieurs autres cas de sangliers radioactifs ont été signalés dans les pays présents autour de l’Ukraine, preuve que le nuage radioactif n’a effectivement pas connu de frontières.

Des experts capturent périodiquement des animaux pour étudier les anomalies qu’ils présentent : « bien sûr, la radiation affecte la faune et la flore dans la zone d’exclusion. Nous découvrons de nombreuses anomalies génétiques. Mais on peut dire avec certitude que la radiation locale affecte peu le nombre et la population des animaux » indique Denis Vichnevski. Selon lui, l’anomalie la plus répandue est l’albinisme.

La zone d’exclusion de Tchernobyl est une opportunité pour les scientifiques qui bénéficient d’un véritable laboratoire d’expérimentation à ciel ouvert sur les effets des radiations pour le vivant à long terme. Ainsi, Tom Hinton, professeur à l’Université de Fukushima et co-auteur de l’étude explique que « ces remarquables données provenant de Tchernobyl nous aideront à comprendre l’impact environnemental potentiel sur le long terme de l’accident de Fukushima. »

Timothy Mousseau, biologiste à l’université de Caroline du Sud, qui a également étudié l’état des populations animales autour de Tchernobyl pendant des années, tempère la portée de l’étude dans une interview donnée à NBC News. Selon lui, il faudrait également étudier les animaux qui ne sont pas chassés par l’Homme, comme les oiseaux, les insectes et les plus petits mammifères. « L’étude ne nous dit pas si les radiations ont des effets sur la reproduction, la survie, la longévité, ou la santé générale des animaux étudiés. Les découvertes de l’étude sont plutôt une réflexion sur les impacts de la vie humaine et de la surexploitation de ressources naturelles en cas d’absence de mesures de protection. ». De surcroît, il remet en cause l’abondance de la faune observée par les auteurs de l’étude qu’il juge trop « optimiste », prenant pour exemple des réserves naturelles, interdites de chasse, où les populations animales sont plus importantes et en meilleure santé.

Dans tous les cas, lorsque la pression de l’Homme diminue, c’est la vie qui renaît comme en témoigne la zone démilitarisée entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, une étroite bande de terre truffée de mines qui est devenu un sanctuaire pour les sangliers, cerfs et des centaines d’espèces d’oiseaux qui y séjournent en période hivernale.

Autre exemple, à Fukushima (Japon), où a eu lieu le terrible accident nucléaire majeur de 2010. Des observateurs y notent que des sangliers sauvages sont revenus. Autant de témoignages qui montrent que la nature se porte bien mieux sans l’Homme et qu’elle est même, d’après le recul actuel, capable de surmonter des accidents nucléaires, ce qui n’est manifestement pas le cas de nos sociétés.

Malheureusement, la catastrophe de Tchernobyl pourrait bien se reproduire. En effet, la guerre en Ukraine fait craindre un nouvel accident nucléaire dans ce pays où le budget de l’Etat est dilapidé par la corruption et les dépenses militaires insensées pour reconquérir les régions qui ont fait sécession. A ce titre, soulignons que l’OTAN, l’Union Européenne et les Etats-Unis ont jugé utile et responsable de déclarer une nouvelle guerre froide avec la Russie en soutenant ouvertement le coup d’Etat ukrainien, dans un contexte géopolitique mondial déjà très tendu.

De surcroît, de nouveaux réacteurs sont en construction en Ukraine: « la situation actuelle en Ukraine pose question à la fois sur le soutien politique pour de tels projets, notamment en Europe, et la menace de l’élargissement des sanctions économiques contre la Russie, pour les capacités à les financer, » indique le World Nuclear Industry Status Report de 2014.

En vidéo ci-dessous, une balade à Tchernobyl

Écrit par: radio_pulsar

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