Dans sa théorie de l’information, Claude Shannon prévoyait l’incontournable passage au numérique et Alan Turing ainsi que d’autres visionnaires concevaient les premiers ordinateurs capables de traiter l’information. C’était il y a plus de 70 ans et l’on parlait déjà des déluges de données, de la possibilité de l’intelligence artificielle et des fondements de l’informatique. Depuis lors, la place croissante des données dans la recherche scientifique, plus spécifiquement dans toutes les activités du CEA, a conduit à déployer des technologies indispensables à l’accompagnement de la recherche fondamentale et au déploiement des activités de l’organisme, en particulier sur l’énergie, la dissuasion et les technologies pour la médecine du futur.
De la modélisation de systèmes nucléaires à celle du climat, des changements d’échelle dans la représentation des matériaux aux couplages entre données expérimentales et simulation numérique en biologie, des interactions multi-physiques dans les processus complexes à la réduction des incertitudes, toutes ces avancées scientifiques appellent à un développement et une utilisation optimisée des moyens de calcul haute performance.
La mise en œuvre de nouvelles générations de technologies numériques apparaît désormais comme un facteur de compétitivité stratégique et un avantage concurrentiel à la construction desquels le CEA participe activement. Conscient des enjeux, le CEA investit pleinement ce champ scientifique et technologique et participe à des évolutions majeures, illustrées dans ce numéro, tant du point de vue des usages que des technologies au service de ces usages.
La science des données devient le compagnon incontournable des sciences du calcul pour tendre vers un « continuum numérique » de la production de la donnée jusqu’à sa valorisation où, à chaque étape, calcul et traitement sont intimement liés. Avec leur rythme propre, les évolutions technologiques aident à couvrir des besoins renforcés de puissance de traitement et de calcul et contribuent également à
mettre en œuvre des infrastructures qui deviennent globales et non plus uniquement centralisées.
Tout ceci nécessite de revoir profondément chaînes de traitement et applications associées : le CEA dispose, en interne et en collaboration avec ses partenaires nationaux, européens et internationaux, de toutes les compétences pour aborder ces défis et ainsi rester au meilleur niveau mondial dans ses domaines d’excellence. En 2013, lors d’une conférence inaugurale de l’Académie française, Michel Serres indiquait en substance qu’à la part de mémoire et de capacité mentale de traitement de l’information qu’il perd avec la diffusion généralisée des technologies numériques, l’homme gagne une possibilité nouvelle de mise en relation (d’individus, de groupes et de réseaux, de savoirs) mais aussi une faculté décuplée d’invention et de création.
Gageons qu’en plaçant le numérique au sein de ses grandes priorités et les technologies de calcul haute performance comme un axe transverse de R&D, le CEA se situe à la pointe des ruptures technologiques associées à ses domaines scientifiques d’excellence afin de nourrir efficacement ses missions.
Vous pouvez retrouver ces lignes dans la revue du CEA, Clef 73 en bas de page.
Cet article a été écrit par Patrick Landais Haut-commissaire à l’énergie atomique.
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