L’influence de l’Homme sur le climat « est claire et en augmentation, avec des incidences observées sur tous les continents ». Néanmoins, « nous disposons d’options pour nous adapter à ces changements et des activités rigoureuses d’atténuation peuvent limiter les conséquences de l’évolution du climat à une gamme gérable ». Pour réduire « le risque de conséquences graves, généralisées et irréversibles pour l’être humain et les écosystèmes », les émissions de gaz à effet de serre (GES) devraient diminuer au niveau mondial de 40 à 70% entre 2010 et 2050, et tomber à zéro ou moins d’ici 2100.
Telles sont les principales conclusions du rapport de synthèse présenté dans le résumé pour les décideurs de 40 pages publié dimanche 2 novembre par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Au delà du résumé pour décideurs, une synthèse plus complète reprend en quelque 115 pages les conclusions des trois volets du cinquième rapport d’évaluation du Giec : le volet sur les aspects physiques du système climatique validé en septembre 2013, celui sur les impacts des changements climatiques, la vulnérabilité et l’adaptation adopté en mars 2014 et celui sur l’atténuation des changements climatiques rendu en avril dernier.
« Ce rapport de synthèse a pour objectif de mettre en relation, de manière concise, les éléments des volumes 1, 2 et 3 », explique le Giec, rappelant que « ce document très attendu servira de socle commun de référence pour les négociations internationales sur le climat dont l’un des enjeux majeurs est de parvenir à un accord applicable à tous les pays en 2015 à Paris lors de la 21ème conférence des parties (COP21) à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Ccnucc) ».
Reprenant les informations publiées depuis 13 mois, la synthèse pointe d’abord la responsabilité humaine dans les changements climatiques. « Le réchauffement du système climatique est sans équivoque », rappelle le document, ajoutant que des changements climatiques « sont observés dans le monde entier » et qu’ils « sont sans précédent depuis des dizaines d’années, voire des millénaires ».
En l’occurrence, la concentration actuelle de CO2 dans l’atmosphère atteint un niveau record depuis 800.000 ans, a expliqué Thomas Stocker, coprésident du groupe de travail du Giec sur les aspects physiques du système climatique. Pour le Giec, il ne fait plus de doute que ce constat s’explique par les rejets de gaz carbonique liés aux activités humaines. « Les émissions de gaz à effet de serre et d’autres facteurs anthropiques ont été la cause prédominante du réchauffement observé depuis le milieu du XXème siècle », indique le Giec.
Au rythme actuel des émissions de GES, les experts du climat annoncent une poursuite du réchauffement climatique constaté. Cette hausse accroîtra « le risque de conséquences vastes et profondes [pour] toutes les strates de la société et le milieu naturel ». Sans surprise, les pays les moins développés, les collectivités vulnérables ou les personnes marginalisées, étant donnée leur moindre capacité à faire face aux perturbations climatiques prévisibles, seront les premières victimes des impacts climatiques. Un constat qui pose des questions éthiques, puisque « nombre des personnes les plus vulnérables aux changements climatiques ont contribué et contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre », explique Rajendra Kumar Pachauri, président du Giec.
Bien que le constat soit globalement mauvais, le Giec estime qu’il est possible de maintenir la hausse de la température moyenne du globe en deçà de 2°C d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle.
« Il existe de nombreux moyens d’atténuation permettant d’aboutir, au cours des décennies à venir, aux réductions importantes des émissions nécessaires pour limiter (…) le réchauffement à 2°C, objectif fixé par les gouvernements », estiment les climatologues. Néanmoins la probabilité de succès n’est que « de plus de 60% ». Reste que si l’action est reportée au delà de 2030, les problèmes techniques, environnementaux, sociaux et institutionnels pourraient devenir insurmontables.
Le Giec estime qu’une politique d’atténuation ambitieuse ne réduirait que de 0,06 points la croissance de la consommation (qui est utilisée comme un indicateur indirect de la croissance économique) estimée entre 1,6 et 3% pour les années et décennies à venir. Mais, selon Youba Sokona, coprésident du groupe de travail du Giec sur l’atténuation des changements climatiques, « ce qui manque aujourd’hui, ce sont des politiques et des institutions appropriées ».
Quant à l’effort à réaliser, il consiste à sortir totalement des énergies carbonées afin d’atteindre des émissions nulles en 2100.