Internet deviendrait-il un peu moins américain ? Le gouvernement des Etats-Unis a annoncé, vendredi 14 mars, qu’il était prêt à abandonner son rôle central dans l’attribution des noms de domaine au profit d’une gouvernance mondiale. Une petite révolution dans un système inventé et développé par les Américains depuis les années 60. Le contrôle des Etats-Unis sur le Réseau est attaqué depuis des années par les partisans d’un Internet libre. Et Washington, très critiqué après les révélations de l’espionnage de la NSA, a visiblement décidé de partager une partie de son pouvoir.
L’annonce est venue du département du commerce, qui a indiqué dans un communiqué qu’il allait convoquer « les acteurs à travers le monde pour réfléchir à des pistes » qui permettront de retirer le rôle central du gouvernement américain dans la supervision de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (Icann), le régulateur mondial d’Internet chargé de valider les noms de domaines. L’idée étant « de soutenir et de renforcer le modèle de gouvernance globale d’Internet », selon les porte-parole du département. « Le temps est venu de lancer un processus de transition », a précisé le secrétaire adjoint au commerce, Lawrence Strickling.
Créé en 1998, l’Icann délivre les noms de domaine sur Internet, comme .com ou .gov. Il a son siège en Californie et relève à ce titre, en dernière instance, du département du commerce américain. L’idée d’un partage du pouvoir était à l’étude depuis quelques mois. La présidente brésilienne, Dilma Rousseff, avait ainsi proposé un contrôle multilatéral de l’utilisation d’Internet devant l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2013.
Le président de l’Icann, Fadi Chehadé, a salué la décision américaine, dans un communiqué : « Nous invitons les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les organismes impliqués dans Internet à travers le monde à nous rejoindre pour mettre en œuvre cette phase de transition. »
Une conférence internationale sur Internet doit se tenir au Brésil en avril, au cours de laquelle le patron de l’Icann a dit vouloir « atteindre un consensus sur un modèle de gouvernance globale de l’Internet ». Pour l’heure, la démarche américaine ne devrait avoir aucun impact sur les internautes et l’Icann continuera de son côté à administrer les noms de domaines.