
Pirater, à distance, un ordinateur non connecté à un réseau ou à Internet peut sembler impossible. C’est pourtant l’exploit qu’ont réalisé des chercheurs en sécurité de l’Université Ben Gourion en Israël. La technique utilisée pour le piratage est fort peu banale puisqu’elle utilise la LED verte signalant une activité du disque dur. Presque tous les ordinateurs ont, en façade, un petit voyant vert indiquant l’activité du disque dur. Rien de plus commun que de le voir s’allumer et s’éteindre ou bien encore clignoter. Cette signalisation tout banale est pourtant désormais une source potentielle de piratage.
L’idée de base de ce type de piratage est d’utiliser, à bon escient, ce voyant qui s’allume lorsque le disque dur est utilisé soit pour l’écriture, soit pour la lecture de données. En décidant d’un code, inspiré du morse, il est alors possible d’utiliser ce petit éclairage pour transmettre des informations sous forme lumineuse comme un code morse. Une idée ingénieuse et particulièrement discrète qui nécessite cependant une préparation certaine.
La première étape de ce piratage est sans doute la plus délicate. Il est nécessaire d’introduire un malware dans l’ordinateur. Si celui-ci n’est ni connecté à Internet ou à un réseau la tâche peut sembler ardue mais pas impossible. Il est effectivement possible d’infecter un tel ordinateur à la faveur d’une mise à jour ou de l’installation d’un nouveau logiciel ou bien encore via une clé USB. Une fois le malware installé, il lira les fichiers à transmettre et les conservera en mémoire. A une heure et une date définie, le malware commencera à utiliser les clignotements du voyant du disque dur pour transmettre sous une forme codée type morse les informations contenues dans le fichier.
La seconde étape nécessite une préparation et du matériel spécifique. Le pirate doit faire voler un drone, de nuit, devant la fenêtre du bureau où se trouve l’ordinateur à pirater. Le drone doit être équipé d’une caméra de très haute qualité pouvant capter des fréquences de clignotement élevées. La caméra va alors capter, à distance, les clignotements du voyant du disque dur et il sera ensuite possible de reconstituer le code.
Cette méthode de piratage que vous pouvez voir dans la vidéo, partagée par les chercheurs en sécurité, ci-dessous a toutefois des limites. Tout d’abord, seules les caméras professionnelles peuvent filmer une telle fréquence de clignotement. Les caméras classiques ont un nombre d’images par seconde trop limitées.
Par ailleurs, la fréquence maximale pouvant transmettre le code morse limite beaucoup la vitesse de transfert des données. Dans des conditions optimales et avec un bon matériel, les chercheurs ont pu obtenir une vitesse de transfert de seulement 4.000 bits par seconde. Avec une telle vitesse, il faut compter environ une demi-heure pour transférer 1 Mo de données. Bien trop lent pour pirater des fichiers volumineux mais, somme toute, suffisant pour récupérer un mot de passe ou un petit fichier.
En vidéo ci-dessous, Opération piratage