La Filière Progressive 915

PLAYLIST:

1.Yesterdays – Esotanc – (Saint-Exupery Alma)
2.Millenium – Tales from imaginary movies – Invisible superhero – A world fullof spies – (Memories in tears)
3.Remina – Aeon rains – Obsidian – Ilos – Back in time – (Strata)
4.Riverside – Post Truth – The place where I belong – (I.D. Entity)

Riverside :

Il aura fallu attendre cinq ans, une pandémie et des broutilles pour renouer, enfin, avec l’univers de Riverside. Toujours emmené par la basse ronflante de Mariusz Duda, cet ID.Entity revient, après le sombre Wasteland, à quelque chose d’un poil plus détendu sans forcément plonger oreilles rabattues dans la gaudriole musicale pour public de radio tendance. Pas le genre de la maison. Non, le groupe préfère se focaliser sur des instrumentations parfois très eighties (l’épatante introduction de « Friend and Foe ») où la rythmique et les claviers jouent avec une tension omniprésente, jamais pesante.

Et c’est bien la marque de fabrique de Riverside que d’avancer en terrain escarpé, prêt à surprendre, sans perdre son auditoire pour autant ni capituler sur la facilité que ces mélodies pourraient leur permettre, préférant taper du pied plutôt que de s’enfoncer dans une déprime bon teint assourdissante. Leur huitième album studio s’amuse ainsi à souffler le chaud et le froid sans calculer au millimètre ses effets de manche. En abordant la colère et la frustration d’un monde en déréliction (« I’m Done With You »), Riverside prend le risque de nous parler sans fard, sans pinces, ni pincettes.

Avec les indéboulonnables Michał Łapaj (claviers), Piotr Kozieradzki (batterie) et la guitare de Maciej Meller, cette fois totalement intégré(e) dans l’univers du groupe, Mariusz Duda peut se concentrer à nouveau sur son instrument de prédilection et un chant au diapason pour remuer toutes les émotions diffusées au fil des sept nouveaux morceaux. Mieux, une version deluxe propose en bonus deux formidables instrumentales qui auraient eu toute leur place dans l’album principal : « Age of Anger » et « Together Again ». À la finale, ID.Entity est un album qui a tous les atours, toutes les aspérités du Riverside estampillé.

Que ce soit sur des titres courtauds (« Landmine Blast ») ou plus carabinés (« The Place Where I Belong », « Self-Aware ») le savoir-faire du groupe irrigue un album qui pourra paradoxalement sembler manquer de surprises, de nouveautés. Mais c’est également le propre des grands groupes que de parvenir à se répéter sans faire de la simple photocopie. Avec ID.Entity, Riverside laisse évoluer sa musique avec légèreté, en picorant au passage sur les projets solos de Mariusz Duda (Lunatic Soul en tête). Sans se fourvoyer pour autant, Riverside nous offre largement de quoi voyager. Loin. Et en se bonifiant au fil des écoutes, qui sait où atterrira ce magnifique album dans la discographie de haut vol d’un groupe incontournable.

Fin de La Filière Progressive 915

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