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Articles

Reggae, le paradoxe ivoirien

today23 mars 2014 1

Arrière-plan
Rastas à Abidjan

Alpha Blondy est une icône nationale, Tiken Jah Fakoly, une véritable star. Le pays s’engoue pour le reggae. Pourtant, les rastas sont mis au ban de la société. Qui a dit que la Côte d’Ivoire était un pays de jet-setteurs ? Qu’Abidjan vibrait chaque fin de semaine au rythme des boîtes de nuit et de leur entêtant coupé-décalé ? C’était compter sans la formidable résistance du reggae. Depuis une demi-douzaine d’années, les clubs spécialisés, comme le Parker Place dans la Zone 4 ou le Pam’s à Cocody, ne désemplissent pas, et les Abidjanais, toutes classes sociales confondues, ont pris l’habitude de « s’enjailler » sur les refrains de Bob Marley ou d’Alpha Blondy. Une nouvelle manière de passer du bon temps, mais qui ne profite guère aux rastas.

Les préjugés sont tenaces. Estimée à 2 500 personnes dans le pays, la communauté est condamnée à vivre au ban de la société. « Ce sont des drogués », « ils sont fous », « sales », entend-on à chaque coin de rue. Avec leurs longues dreadlocks, ils inspirent de la méfiance dans une société parfois conservatrice. « C’est extrêmement dur à vivre », explique Ras Julian, qui se présente comme « l’ambassadeur » des rastas de Côte d’Ivoire auprès de l’Union africaine et des pays francophones.

« Beaucoup d’entre nous vivent dans la précarité. Nous ne trouvons pas de travail faute d’un niveau de scolarisation suffisant mais aussi à cause de notre coiffure. La plupart des gens pensent qu’on ne se lave pas les cheveux. C’est ridicule ! » affirme ce pacifiste convaincu qui milite pour que les rastas soient reconnus comme une communauté transnationale.

« Nous demandons la création d’un passeport de l’Union africaine, car nous n’avons pas de frontières. Nous sommes africains avant d’être ivoiriens ou burkinabè. Le rastafarisme, ce n’est pas juste de la musique reggae. C’est aussi une façon de concevoir la vie », précise-t-il. Il rappelle que, au-delà d’un phénomène de mode musical, il s’agit surtout d’une religion et d’une philosophie « dignes de respect ».

« Il est vrai que le milieu a été miné par le trafic de drogue », reconnaît Elikia Konian, jeune acteur rasta. De là viendrait la mauvaise image que subissent ceux qui arborent des dread­locks. Au milieu des années 1990, convaincus que « l’union fait la force », les rastas d’Abidjan se sont regroupés et ont installé leur village à Vridi (un quartier excentré d’Abidjan) « pour se protéger de la stigmatisation », explique Koko Shenko, jeune homme titulaire d’un BTS informatique. Ce dernier peine à décrocher un « travail solide ».

Coincées entre la mer et une voie ferrée, 130 familles vivent de l’artisanat et du tourisme. Lorsqu’elles sont passées sur la terre d’Éburnie, les plus grandes stars jamaïcaines ou britanniques telles que U-Roy, Morgan Heritage, Luciano ou David Hinds n’ont jamais manqué de leur rendre visite. Mais en juillet 2012 la police a investi les lieux puis rasé le village. Une « opération coup de poing », comme celle qui inspira en 1983 « Brigadier Sabari » à Alpha Blondy.

Depuis, parmi les ruines d’un espoir d’un avenir meilleur, la communauté vivote tant bien que mal malgré une aide financière apportée notamment par Tiken Jah Fakoly. Elle réclame aussi que les autorités lui accordent un nouveau terrain où s’installer sereinement et où les enfants puissent être scolarisés.

Finalement, constate Konian, « la mode du reggae ne profite pas aux rastas. Si le public apprécie cette musique, il passe à côté du véritable message du rastafarisme car les paroles sont souvent en anglais. Alpha Blondy avait eu l’intelligence de chanter en dioula, en baoulé et en français pour être compris de tous. C’est ce qui a fait sa force. Mais, tout comme Tiken Jah Fakoly, il a intégré le système, ils ne nous apportent plus grand-chose. Quant au succès commercial du reggae, il offre peut-être de la visibilité aux groupes locaux mais il profite surtout aux promoteurs… qui, eux, ne sont pas rastas ».

Écrit par: radio_pulsar

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