Archipel, c’est le titre du nouvel album de Peau qui sort en cette fin du mois d’août. Cette jeune grenobloise révélée en 2010 avec Première Mue continue de creuser un sillon musical très personnel : électro pop ciselée, voix murmurée, textes affûtés. Sur ce deuxième album composé de dix titres, elle confirme un talent singulier et hautement envoûtant. Entrer dans l’Archipel de Peau, c’est à coup sûr partir pour une odyssée musicale particulièrement prenante. Cela se traduit dès le premier titre qui est aussi le premier extrait de ce nouvel opus Instant T.
Une mélodie de base, simple, répétitive et finalement entêtante qui finit par s’envoler vers quelque chose de léger, très aérien. Le clip d’Instant T réalisé par Peau ( de son vrai nom Perrine Faillet) qui est aussi plasticienne. Un sentiment confirmé avec Odysée qui porte bien son nom. En fermant les yeux, on peut s’imaginer plonger dans une source lumineuse tant les sons sont à la fois aquatiques et aériens. Idem pour Uyuni, qui nous propulse dans ce désert de sel de Bolivie, le plus grand du monde, perché à 3650 mètres d’altitude. Ne faites pas le voyage, écoutez celui de Peau.
D’autres climats sont plus électriques à l’image d’ Europeana . Le titre commence avec des sons isolés, étranges et mécaniques. Puis Peau arrive, avec sa voix qui murmure, amplifiant ce climat étrange tout en y apportant de la sensibilité. C’est le chaud et le froid, le dur et le doux qui soufflent dans ce morceau. Un univers qui n’échappe pas au chaos Avalanche , dernier titre de l’album, en est la preuve sans parole, le titre explore un univers distordu et sombre qui peu à peu devient plus exalté et lumineux.
Peau n’est assurément pas une chanteuse à voix, son talent n’est pas dans sa capacité respiratoire ou sa maîtrise des graves ou des aigus. Mais elle sait créer du rêve et de la poésie, parfois en racontant (la plupart du temps en français) simplement une histoire. Le titre Il dit raconte ainsi le silence trop bavard d’un Monsieur à qui elle ne dit pas adieu mais au diable. Quand elle sort de ce bain électro, où tous les sons et les ruptures de rythme sont permis, la jeune femme offre des titres plus dépouillés, d’où se dégagent une vraie fraîcheur ( L’enfant, A demi-nue ).
C’est comme si Peau s’amusait à jouer, à dialoguer en permanence avec les sons. Elle expérimente et cela pourrait être froid, pédant. C’est tout le contraire : abordable sans tomber dans la facilité. Pour cet album, Peau explique qu’avec son complice Dan Bartoletti, elle a pris des chemins de traverse en avançant comme un explorateur. Et les paysages qu’ils ont dessinés ont parfois la beauté des archipels cachés du monde.