Placé sur orbite par le lanceur européen Vega, le satellite franco-israélien Venµs scrute tous les 2 jours une centaine de sites sélectionnés pour leur intérêt scientifique dans le suivi de la végétation et de l’environnement. Venµs a été développé dans le cadre d’un accord entre le CNES, l’agence spatiale française, et son homologue en Israël, l‘ISA (Israel Space Agency). S’il fait immanquablement penser à la deuxième planète de notre Système solaire, le nom du satellite est en fait un acronyme pour « Vegetation and Environment monitoring on a New Micro-Satellite » soit « surveillance de la végétation et de l’environnement sur un nouveau micro-satellite ». Le µ de l’acronyme est pour le mû grec qui sert pour le préfixe micro dans le système international des unités.
Pourquoi micro ? Tout simplement parce que Venµs est bel et bien un petit satellite de seulement 260 kg. Mais comme le soulignerait un célèbre maître Jedi ou la fable de David et Goliath, il faut se garder de juger les capacités par la taille. Perché à 720 km, Venµs examinera avec une résolution de 5 m une centaine de sites sur Terre tous les 2 jours, ce qui constitue une première. Le but est de récolter des données inédites afin de suivre l’évolution de la végétation sur plusieurs saisons et mesurer l’impact de facteurs environnementaux, des actions humaines et du changement climatique.
La mission première de Venµs est de fournir aux scientifiques des mesures pour comprendre le fonctionnement de la végétation sous l’influence du climat et des activités humaines. On retrouve ici un rôle majeur et très courant des satellites d’observation de la Terre, à savoir ausculter notre planète en vue de nous aider à mieux gérer et de façon durable ses ressources et en l’occurrence la végétation et ainsi l’agriculture. La nouveauté est que le satellite franco-israélien scrutera avec sa caméra multispectrale (donc dans plusieurs longueurs d’onde y compris certaines que l’oeil humain ne perçoit pas, mais riches d’informations) les mêmes sites tous les 2 jours. Sur la durée de la mission prévue pour 2 ans et demi, les experts disposeront alors d’une densité inédite de données afin de quantifier les évolutions dues aux saisons, aux activités humaines ou au changement climatique. On parle ici de « résolution temporelle » accrue puisque les mesures se font à intervalle court.
Vu le flux de données ainsi récolté, on ne peut le faire sur l’ensemble de la planète dans le cadre budgétaire d’une telle mission. C’est pourquoi une centaine de sites ont été sélectionnés. À terme, Venµs permettra en revanche de juger si cette logique de survols fréquents est pertinente. Elle pourrait alors être appliquée à d’autres programmes d’observation de la Terre avec des moyens en conséquence.
En fin de mission, ce satellite de 260 kg passera de 760 km d’altitude à 410 km pour 1 an. Subissant du coup plus de freinage atmosphérique, on en profitera pour évaluer la performance de ses 2 propulseurs électriques israéliens (à effet Hall) pour le maintien de son orbite. Rappelons qu’à cette hauteur équivalente à celle de la Station Spatiale Internationale (ISS), même si on y parle de « vide spatial », il subsiste suffisamment de particules pour provoquer un très léger freinage qui entraîne une perte d’altitude. L’ISS perd par exemple en moyenne 2 km d’altitude par mois et ce sont les vaisseaux cargos ou ses propres propulseurs qui se chargent de rehausser son orbite. Bien plus petit et offrant ainsi moins de frottements aérodynamiques, Venµs perdra moins d’altitude, mais il aura besoin de ses 2 propulseurs électriques pour rester en place.
Projet NASA: lancer un satellite à partir d’un planeur !!
En vidéo ci-dessous, Explications sur la mission Venµs